45

 

— Mon intention était de contacter le Grand Hong Kong de Mr. Lee pour déposer une plainte contre leur proconsul à Port Sherman, explique Hiro en plaisantant. Il s’est montré très peu coopérant, ce matin, quand j’ai insisté pour louer ce navire à votre place.

Hiro est confortablement installé dans la luxueuse salle à manger du Kowloon. De l’autre côté de la table couverte d’une nappe blanche est assis l’homme que Hiro avait catalogué comme un ponte de l’industrie en vacances. Il est impeccablement vêtu d’un complet noir et a un œil de verre. Il ne s’est pas donné la peine de se présenter, comme s’il s’attendait à ce que Hiro connaisse déjà son identité.

L’homme n’a pas l’air amusé par l’histoire de Hiro. Il semble plutôt perplexe.

— Et alors ?

— Je ne vois plus de raison de déposer plainte, à présent, fait Hiro.

— Pourquoi pas ?

— Parce que je comprends maintenant sa réticence à vous évincer.

— Comment ça se fait ? Vous avez du fric, non ?

— Oui, mais…

— Ah ! fait le type à l’œil de verre, en s’autorisant un sourire forcé. C’est parce que nous sommes la Mafia, c’est ce que vous voulez dire ?

— Oui, fait Hiro, qui sent son visage s’empourprer.

Rien de tel que de passer pour un couillon intégral. Rien ne vaut ça au monde, parole de scout.

Au-dehors, la fusillade n’est plus audible que de manière très atténuée. La salle à manger du navire est isolée du bruit, de l’eau, du vent et des balles par un épais double vitrage au milieu duquel est emprisonné une espèce de gel transparent. Les bruits extérieurs, de toute manière, se succèdent sur un rythme plus lent.

— Foutues mitrailleuses, fait l’homme. J’ai horreur de ça. Il faut tirer mille cartouches pour toucher quelque chose de valable. Et ça me tue les oreilles. Vous voulez du café ou quelque chose ?

— Ce serait super.

— On va bientôt apporter un buffet. Avec du bacon, des œufs et des fruits frais comme c’est pas possible.

Le type que Hiro a vu tout à l’heure, sur le pont supérieur, en train de taper dans le dos de l’homme aux jumelles, passe la tête dans la salle à manger.

— Excusez-moi, patron, mais on entre dans la troisième phase de notre plan, comme qui dirait. J’ai pensé que vous aimeriez être au courant.

— Merci, Livio. Fais-moi savoir quand les Popofs arriveront au quai.

Le type boit une gorgée de café et remarque l’air intrigué de Hiro.

— Nous avons un plan, explique-t-il, et il est divisé en différentes phases.

— Oui, ça, j’avais compris.

— La première, c’était l’immobilisation. Neutralisation de leur hélico. La deuxième, c’était une diversion, pour leur faire croire que nous voulions les éliminer dans leur hôtel. Je crois qu’elle a pleinement réussi.

— Moi aussi.

— Merci. Un autre objectif de cette deuxième phase était de vous faire ramener votre fraise ici. Ce qui est également accompli.

— Je fais donc partie de votre plan ?

L’homme à l’œil de verre sourit sèchement.

— Si ce n’était pas le cas, vous seriez déjà mort.

— Vous saviez que je venais à Port Sherman ?

— Cette nana, Y.T. Celle dont vous vous êtes servi pour nous espionner. Vous voyez qui je veux dire ?

— Ouais.

Inutile de nier.

— Eh bien, nous nous en sommes servis aussi pour surveiller vos mouvements.

— Mais pour quelle raison ? Pourquoi vous intéressez-vous tellement à moi ?

— Ce serait une digression par rapport à notre sujet principal, qui concerne les différentes phases de notre plan.

— D’accord. Nous en étions à la fin de la phase deux.

— Oui. Dans la phase trois, celle qui est en cours, nous les laissons croire qu’ils tentent une fuite désespérée, héroïque, à travers les rues, jusqu’au quai.

— Phase quatre ! hurle Livio, le lieutenant.

— Scusi, fait l’homme à l’œil de verre.

Il repousse sa chaise, plie calmement sa serviette, la pose sur la table, se lève et sort de la salle à manger. Hiro le suit sur le pont.

Une vingtaine de Russes sont en train d’essayer de se forcer un passage sur le quai. Quelques-uns seulement parviennent à passer, et ils courent, dispersés sur une soixantaine de mètres, vers la sécurité de la Reine du Kodiak.

Mais une douzaine à peu près réussissent à demeurer ensemble : un groupe de soldats formant un bouclier humain autour d’un petit groupe d’hommes au centre.

— Les gros bonnets, fait l’homme à l’œil de verre en secouant philosophiquement la tête.

Ils courent en crabe sur le quai, courbés au maximum, lâchant de temps à autre, pour se couvrir, une rafale de leurs armes automatiques en direction de Port Sherman.

L’homme à l’œil de verre plisse les paupières pour se protéger de la brise devenue soudain glacée. Il se tourne vers Hiro avec un vague sourire.

— Regardez bien, dit-il.

Et il enfonce le bouton d’un petit boîtier noir qu’il tient dans sa main.

L’explosion ressemble à un unique coup de tambour qui vient de partout à la fois. Hiro sent la secousse qui se propage sous la mer et fait vibrer ses pieds. Il n’y a ni flamme ni nuage de fumée, mais une espèce de double geyser qui surgit autour de la coque de la Reine du Kodiak et l’entoure d’une vapeur blanche semblable à des ailes qui se déplient et s’affaissent brusquement. La Reine du Kodiak flotte à présent très bas sur l’eau. De plus en plus bas.

Les hommes qui courent sur le quai s’arrêtent brusquement.

— Maintenant, grogne l’homme aux jumelles dans son revers.

On entend une série d’autres explosions moins fortes le long du quai, qui se soulève tout entier et se tord comme un serpent dans l’eau. Une section en particulier, celle où se trouvent les gros bonnets, est secouée violemment. Il y a de la fumée aux deux bouts. La section se détache du reste du quai.

Tous ses occupants tombent dans la même direction lorsqu’elle s’incline et se déplace. Hiro aperçoit le câble de remorquage qui fouette l’eau au moment où il se tend. Une cinquantaine de mètres plus loin, il y a un petit bateau trapu, avec un gros moteur, qui est en train de sortir du port.

Il reste une dizaine de gardes du corps sur la section en mouvement. L’un d’eux a compris la situation et tire une rafale de son AK-47 dans la direction du bateau remorqueur, mais sa cervelle éclate aussitôt. Il y a un tireur d’élite sur le pont supérieur du Kowloon.

Les autres gardes du corps jettent leurs armes à la mer.

— Passons maintenant à la phase cinq, fait l’homme à l’œil de verre. Un putain de petit déjeuner comme vous n’en avez jamais vu.

Avant même qu’ils aient regagné la salle à manger, le Kowloon a quitté le quai et fait route dans le fjord vers la haute mer, parallèlement au remorqueur qui traîne le segment de quai. Tout en mangeant, ils le regardent par la fenêtre, à travers quelques centaines de mètres de mer libre. Le morceau de quai va à la même vitesse qu’eux. Les gros bonnets et les gardes du corps sont assis sur leur cul, maintenant leur centre de gravité au plus bas, car cela secoue très fort.

— Quand on s’éloigne de la terre, la houle est beaucoup plus grosse, explique l’homme à l’œil de verre. J’ai horreur de ça. J’aimerais bien garder mon petit déjeuner assez longtemps pour le faire passer avec un bon repas de midi.

— Amen, fait Livio en déposant un gros tas d’œufs brouillés dans son assiette.

— Vous allez récupérer ces types, demande Hiro, ou vous allez les laisser macérer un moment ?

— Qu’ils se gèlent les couilles jusqu’à ce qu’ils n’en puissent plus. Quand on les fera monter à bord, ils seront peut-être disposés à se mettre à table. Je ne pense pas qu’ils offriront beaucoup de résistance.

Tout le monde semble avoir très faim. Durant un bon moment, ils se contentent de piocher dans le buffet en silence. Au bout de quelque temps, l’homme à l’œil de verre rompt la glace en déclarant que la bouffe est de première qualité, et tout le monde approuve en hochant la tête. Hiro se dit qu’il peut parler à présent.

— J’étais en train de me demander pourquoi vous vous intéressez tellement à moi, murmure-t-il.

Il se dit que ce genre de truc est toujours bon à savoir, quand on a affaire à la Mafia.

— Nous faisons tous partie du même joyeux gang, lui dit l’homme à l’œil de verre.

— Quel gang ?

— Celui de Lagos.

— Hein ?

— Disons que ce n’est pas vraiment son gang, mais c’est lui qui a constitué le premier noyau.

— Quand ? Comment ? De quoi parlez-vous donc ?

— Bon, fait l’homme à l’œil de verre en repoussant son assiette pour plier tranquillement sa serviette avant de la poser sur la table. Lagos était un type plein d’idées, sur toutes sortes de choses.

— Je l’avais remarqué.

— Il s’était fait des piles un peu partout, sur tous les sujets. Des piles où il entassait des données de toutes provenances sur le foutu globe, pour les relier les unes aux autres. Il les planquait dans tous les coins du Métavers, et attendait que les informations deviennent utiles.

— Il avait plusieurs planques ?

— C’est ce qu’on peut penser. Bref, il y a quelques années de ça, Lagos a contacté L. Bob Rife.

— Il a fait ça ?

— Oui. Vous comprenez, Rife a un million de programmeurs qui travaillent pour lui. Il était complètement parano à l’idée qu’on aurait pu lui piquer ses données.

— Je sais qu’il mettait leurs domiciles sous surveillance électronique, des trucs comme ça.

— Vous le savez parce que vous avez déniché l’information dans la pile de Lagos. Et si Lagos s’est donné la peine de chercher ce genre de truc, c’est parce qu’il sondait le marché. Il cherchait quelqu’un qui pourrait lui payer au prix fort les trucs qu’il a découverts dans la pile Babel/Infocalypse.

— Il se disait que L. Bob Rife pourrait avoir l’usage d’un ou deux virus.

— Exact. J’avoue que je ne comprends pas très bien toutes ces conneries, mais je crois qu’il avait découvert un virus ancien ou un truc comme ça qui s’attaquait aux penseurs d’élite.

— La prêtrise technologique. Les infocrates. C’est ce qui a balayé toute l’infocratie de Sumer.

— Un truc comme ça.

— C’est dingue, fait Hiro. C’est comme si vous vous aperceviez un jour que vos employés vous chipent des stylos à bille, alors vous les flinguez pour qu’ils ne recommencent pas. Il ne peut rien faire avec sans détruire d’abord l’esprit de tous ses programmeurs.

— Sous sa forme originale, peut-être. Mais Lagos, en réalité, voulait seulement faire de la recherche expérimentale sur ce truc.

— Sur la guerre informatique.

— Dans le mille. Il voulait isoler le truc pour le modifier afin de contrôler l’esprit des programmeurs sans leur bousiller la tête.

— Et ça a marché ?

— Qui peut savoir ? Rife a volé la découverte de Lagos. Et il s’est barré avec. Après ça, Lagos n’a pas pu savoir ce que mijotait Rife. Mais deux ou trois ans plus tard, certaines choses qu’il a vues ont commencé à le préoccuper.

— Par exemple, le développement foudroyant des Portes du Paradis du révérend Wayne.

— Et ces Russes qui parlent en langues. Et aussi les fouilles pratiquées par Rife dans cette cité ancienne…

— Eridu.

— Ouais. Sans compter son truc de radioastronomie. Il y avait des tas de choses qui préoccupaient Lagos. Il a contacté plein de gens à ce sujet. Il nous a contactés. Il a contacté aussi cette fille avec qui vous étiez autrefois…

— Juanita.

— Oui. Une brave petite. Et il a également contacté Mr. Lee. On peut dire, par conséquent, qu’une foule de gens ont planché sur ce petit projet.

Le Samouraï Virtuel
titlepage.xhtml
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_000.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_001.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_002.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_003.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_004.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_005.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_006.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_007.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_008.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_009.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_010.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_011.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_012.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_013.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_014.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_015.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_016.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_017.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_018.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_019.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_020.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_021.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_022.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_023.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_024.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_025.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_026.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_027.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_028.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_029.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_030.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_031.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_032.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_033.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_034.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_035.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_036.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_037.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_038.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_039.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_040.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_041.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_042.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_043.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_044.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_045.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_046.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_047.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_048.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_049.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_050.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_051.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_052.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_053.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_054.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_055.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_056.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_057.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_058.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_059.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_060.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_061.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_062.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_063.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_064.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_065.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_066.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_067.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_068.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_069.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_070.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_071.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_072.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_073.html
Stephenson,Neal-Le Samourai Virtuel(Snow Crash)(1992)_split_074.html